Vaccination contre le Covid

Vaccination contre le Covid : le CCNE et la CNERER s’interrogent sur plusieurs problématiques éthiques

Un an après le début de la pandémie, la levée des contraintes pour les personnes vaccinées résidant en EHPAD, la vaccination des professionnels de santé et l’éventualité de l’instauration d’un « pass sanitaire » sont au cœur des débats. « Tous ces sujets soulèvent des interrogations éthiques » rappellent le CCNE et la CNERER qui viennent de publier une opinion intitulée « Enjeux éthique soulevés par la vaccination contre la Covid-19 ».

EHPAD : Quid des résidents non vaccinés ?

Premier des points abordés, la vaccination des personnes âgées résidentes en EHPAD et dans les établissements médico-sociaux est décrite comme une « réussite incontestable de la vaccination ». « Ces résidents ont pu bénéficier des premières campagnes, ce qui a conduit à une baisse drastique des formes graves de la maladie et à la diminution des décès dûs à la Covid-19 », constatent les organismes qui s’interrogent néanmoins sur les résidents non vaccinés. Plutôt que d’imposer une approche normative générale, le CCNE et la CNERER appuient ici l’idée que « toute décision doit être préparée et discutée en fonction de l’environnement épidémique et des souhaits des résidents eux-mêmes, ainsi que de leurs proches ». « Considérant qu’il s’agit d’une éthique de responsabilité, la mobilisation des conseils de vie sociale, instances de dialogue au sein des établissements médico-sociaux, pour exposer ce que l’on sait et nommer les incertitudes est un enjeu essentiel, recommandent les deux structures. Les responsables des EHPAD pourraient ainsi, dans un souci de bienveillance et de liberté, prendre localement les mesures d’assouplissement les plus adaptées ».

La vaccination des personnels de santé et du secteur médico-social

Autre point soulevé dans la publication conjointe, la vaccination des professionnels de santé et du secteur médico-social est « trop faible » pour les deux organismes. « De récentes données obtenues en population générale suggèrent que certains vaccins ont également un rôle pour diminuer la transmissibilité du virus, y compris chez les plus jeunes », rappellent-ils avant d’ajouter que : « cette situation conduit à l’observation de plusieurs événements d’infections nosocomiales à l’intérieur d’établissements de santé ou accueillant des personnes fragilisées en raison de leur âge ou de leur handicap ». « Maintenant que la question de la limitation de la transmission virale via la vaccination semble tranchée pour certains vaccins, se pose la question de l’obligation, pour ces personnels, d’être vaccinés pour protéger les personnes dont ils ont la charge », poursuivent le CCNE et la CNERER pour qu’il s’agit d’un « enjeu éthique et déontologique fondamental : ne pas nuire à autrui ». « Ce principe, à travers un choix vaccinal libre, devrait apporter à chaque soignant la sérénité nécessaire à la poursuite d’un travail essentiel et remarquable ».

La question du « pass sanitaire »

Enfin, le CCNE et la CNERER abordent, en tant qu’amorce préalable à un travail plus approfondi, les enjeux éthiques du débat récent sur le « pass sanitaire ». « Toutefois, même si l’application d’un « passsanitaire » pourrait être justifiée pour des raisons sanitaires, économiques, sociales, culturelles, elle nécessitera de définir, de façon très rigoureuse, le cadre éthique dans lequel ce dispositif sera déployé », ajoutent les deux organismes qui poursuivront leurs réflexions dans les prochaines semaines et mois.